Rédigé par Clara Ducrocq et Margaux Fayaud le 11 novembre 2022
La 1ère conférence organisée par GoBEE s’est tenue le mardi 11 octobre 2022 sur le campus Pierre et Marie Curie. Etaient invité.e.s Gilles Mirambeau (Maître de conférence à Sorbonne Université et Observatoire Océanologique de Banyuls, Equipier de Direction à Plankton Planet et Chargé de Mission à Institut de l'Océan), Sébastien Goulard (Secrétaire général de l’Institut de l’Océan[1]), Claire Escassut (Chargée de Recrutement VOA, Marine Nationale) et Ornella Deblois (Adjointe au Recrutement VOA, Marine Nationale). Iels ont présenté le programme international Plankton Planet, la Mission Bougainville et le statut de Volontaire Officier Aspirant (VOA).
Plankton Planet
Le plancton, autrement connu sous le nom de microbiome océanique, est essentiel pour la vie. Il est à l’origine de l’oxygénation de la Terre et permet le maintien des grands cycles biogéochimiques et des équilibres écologiques et planétaires. Ce n’est pas tout, il produit de la matière organique, est une pompe à carbone, et permet le développement d’organismes de plus grande taille grâce aux interactions symbiotiques qu’il entretient avec eux et la nourriture qu’il leur apporte. Cependant, l’étudier est complexe. Les navires scientifiques qui récoltent des échantillons ne peuvent pas couvrir l’entièreté de l’océan, surtout lorsqu’un jour en mer coûte 50 000€. Mais de nombreux autres bateaux sillonnent le globe quotidiennement, comme des voiliers ou des cargos. Ne pourrait-on pas en profiter ? Ne pourrait-on pas former des citoyens à la récolte de ces échantillons, les transformant alors en seatizens ?
L’idée de Plankton Planet est née. Des océanographes, ingénieurs et marins, associés avec Sorbonne Université, la Fondation Tara Océan[2] et Stanford Université mettent en place ce programme avec un objectif : développer des outils et un protocole simple, peu coûteux et facilement utilisables par des non-scientifiques.
Le microbiome océanique assure le bien-être des écosystèmes marins. [Source : ©Chris Bowler, CNRS / Rayne Zaayman-Gallant and Tabea Rauscher, EMBL][3]
Depuis sa mise en place, trois publications scientifique[4,5,6] ont mis en avant la méthodologie de Plankton Planet. Cette dernière est comparée à celle utilisée sur la goélette Tara (goélette scientifique de la Fondation Tara Océan) et les résultats montrent qu’elle est coopérative, frugale et que puisque les seatizens sont formés pour répéter le protocole à l’identique, ils sont ainsi capables de récupérer des échantillons qui peuvent être utilisés scientifiquement[4]. En plus de l’identification des organismes par barcoding, c’est-à-dire par extraction et analyse de l’ADN, Plankton Planet a développé un microscope d’imagerie quantitative, la PlanktoScope, coûtant 10 fois moins cher que les outils de laboratoire et permettant d’observer directement et identifier les mico-organismes présents dans les échantillons[4]. Cette méthode d’imagerie permet aussi de donner une idée de la quantité de micro-organismes du plancton. Le plus ? Les plans de montage du PlanktonScope sont open source donc accessibles à tous !
Le matériel fonctionne, le protocole est bien rodé, mais avant de diffuser tout ça aux seatizens intéressés, il faut les tester et les améliorer. C’est un des objectifs de la Mission Bougainville.
La Mission Bougainville
Née du ralliement de l’Institut de l’Océan de Sorbonne Université et de la Marine nationale à Plankton Planet, la Mission Bougainville prend avantage de la grande superficie océanique couverte par les navires de la Marine pour récolter des données sur le microbiome océanique. 4 étudiant.e.s de M1/M2 de Sorbonne Université seront engagé.e.s en tant qu’officiers de la biodiversité pour récolter ces données et tester la robustesse des outils du kit Plankton Planet sur une période d’un an. Des compétences en identification taxonomique, en technologie/ingénierie (notamment pour bricoler les capteurs) et en informatique sont bienvenues.
La mission débutera pour elleux dès juillet 2023 où iels participeront à des UEs d’été de biologie marine au sein des stations marines de Sorbonne Université. Iels seront également formé.e.s à la manipulation des outils présents dans le kit de Plankton Planet. Les étudiant.e.s participant à la Mission Bougainville auront le statut de VOA (Volontaire Officier Aspirant) de la Marine nationale, iels recevront ainsi un entraînement d’un mois sur la presqu’île de Crozon en Bretagne (la formation initiale d’officier). Iels y seront notamment formés au tir, à la marche au pas et auront des entraînements physiques.
Une fois ces formations effectuées, les étudiant.e.s embarqueront sur des bâtiments de surface appelés BSAOM (Bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer) qui possèdent un rôle de protection (lutte contre la piraterie, pêche illégale…). Les BSAOM ont une capacité d’équipage de 24 personnes, les étudiant.e.s feront intégralement partie de la vie de l’équipage. En plus de leur mission scientifique, iels auront ainsi une mission d’encadrement du personnel et planifieront les activités à bord dû à leur statut d’officier. Iels auront également un rôle de médiation scientifique auprès de l’équipage mais également lorsqu’iels seront sur terre, en communicant notamment sur le projet et en participant aux événements organisés par les mécènes de la mission.
Le BSAOM Champlin, [Source : Chef d’état-major de la Marine - Twitter]
Les 4 étudiant.e.s seront divisés en binômes. Un binôme fera des relevés en Polynésie française tandis que l’autre en fera en Nouvelle-Calédonie. Lorsqu’un des membres du binôme sera en mer l’autre sera sur terre en laboratoire. Il y aura des roulements de 5 semaines entre les membres du binôme. Les étudiant.e.s seront les seul.e.s scientifiques sur les navires, mais iels seront encadrés à distance par des scientifiques de la Mission Bougainville.
Le statut de VOA
Candidater
La Mission Bougainville est une opportunité unique pour les étudiants et étudiantes de Sorbonne Université. Si pour l’année 2023 ce sont 4 étudiant.e.s qui seront recruté.e.s, cet effectif sera de 6 pour l’année 2024. Ce projet vise les étudiant.e.s ayant une certain attrait pour la biologie marine et qui sont débrouillard.e.s, mais il ne faut pas oublier que les sorties en mer durent environ 1 mois ½ et qu’à bord d’un navire il y a une forte proximité et convivialité. Il faut donc être prêt.e.s à faire partie d’un équipage.
Petit conseil : il est conseillé d’avoir des connaissances assez avancées en biologie marine. Pour les M1 qui seraient intéressé.e.s mais sentiraient qu’iels n’ont pas assez de connaissances, vous pourrez candidater pour la session 2024, ce qui vous laisse un an pour vous préparer en faisant des UEs et des stages dans ce domaine, se rapprocher d’associations mais aussi de Plankton Planet !
De gauche à droite : Margaux Fayaud, Ornella Deblois, Claire Escassut, Gilles Mirambeau, Sébastien Goulard et Clara Ducrocq
Sources
[1] L’Institut de l’Océan : https://institut-ocean.sorbonne-universite.fr/
[2] La Fondation Tara Océan :https://fondationtaraocean.org/
[4] VARGAS, Colomban et al. Plankton Planet : a frugal, cooperative measure of aquatic life at the planetary scale. Frontiers in Marine Science [en ligne]. 2022, 9 [consulté le 12 octobre 2022]. ISSN 2296-7745. Disponible sur : doi:10.3389/fmars.2022.936972
[5] POLLINA, Thibaut et al. PlanktoScope : affordable modular quantitative imaging platform for citizen oceanography. Frontiers in Marine Science [en ligne]. 2022, 9 [consulté le 12 octobre 2022]. ISSN 2296-7745. Disponible sur : doi:10.3389/fmars.2022.949428
[6] MÉRIGUET, Zoé et al. Basin-Scale underway quantitative survey of surface microplankton using affordable collection and imaging tools deployed from Tara. Frontiers in Marine Science [en ligne]. 2022, 9 [consulté le 11 novembre 2022]. ISSN 2296-7745. Disponible sur : doi:10.3389/fmars.2022.916025
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