Rédigé par Lise Bartholus, Mario Desallais et Armelle Lajeunesse le 25/02/2021
Le pôle Articles est heureux de vous présenter le premier billet d'une série consacrée à l'actualité dans le domaine de l'écologie et de la biodiversité. Le but de cette initiative est de vous tenir informés des décisions ou actions marquantes qui ont été menées pour (ou contre) la biodiversité dans le monde. Bonne lecture !
One Planet Summit : 14 milliards de dollars pour financer le projet de la Grande Muraille Verte au Sahel.
Le 11 Janvier dernier s’est tenue la 4ème édition du One Planet Summit, sommet international pour la lutte contre le réchauffement climatique, rassemblant chefs d’Etat, acteurs économiques et représentants d’ONG. [1]
Les organisateurs entendaient cette fois prendre des engagements en faveur de la biodiversité. Ainsi, dans le cadre de l’objectif de promotion de l’agro-écologie, a été mis en place le programme Accélérateur de la Grande muraille verte, afin d’augmenter les efforts financiers pour verdir le Sahel. L’initiative de la grande muraille verte consiste au développement d’un vaste couloir agricole et forestier de 15 km de large, traversant l'ensemble de l'Afrique sub-saharienne, du Sénégal à Djibouti. Ses objectifs sont multiples, il s'agit notamment de restaurer les terres dégradées, renforcer la résilience des écosystèmes et préserver la biodiversité, ainsi que de protéger le patrimoine rural et améliorer les conditions de vie des communautés locales.
Lors de la réunion, il a été annoncé que la somme de 14,2 milliards de dollars serait octroyée au développement de ce corridor écologique, pour la période 2021 à 2025. Cela représente dix fois ce qui a été dépensé depuis son lancement en 2007 et constitue donc un réel coup d’accélérateur pour le projet. Néanmoins, ces moyens seront-ils suffisants pour approcher l'ambition de 100 millions d'hectares de terres restaurées d'ici à 2030 ?
Lancement de la stratégie nationale pour les aires protégées 2030
En janvier 2021, la « Stratégie nationale pour les aires protégées 2030 » (SNAP) a été lancée. Elle est la première stratégie commune à la métropole et aux territoires d’Outre-mer unifiant les espaces protégés maritimes et terrestres. Parmi ses 7 objectifs, elle vise notamment à mettre sous juridiction protégée 30% du territoire national dont 10% sous protection forte contre les 1,8% actuels. Il s’agit donc là d’un réel challenge que la France s’engage à respecter d’ici 2030. En se basant sur les acquis et les défaillances des stratégies pour la biodiversité passées (stratégie de création et de gestion d’aires marines protégées SCGAMP en 2007 et stratégie de création d’aires protégées SCAP en 2009), celle-ci s’appuie sur l’ensemble des parties prenantes, acteurs et partenaires locaux et nationaux pour créer et développer les réseaux d’aires protégées mais aussi pour améliorer leur gestion. [2], [3] Néanmoins, elle reste largement critiquée par un grand nombre d’ONG et est jugée comme insuffisante notamment pour la gestion les aires marines protégées (AMP). En effet, quand on sait que la France dispose du deuxième plus grand espace maritime au monde, les constats sont très peu rassurants : 80% de ses zones Natura 2000 sont exploitées et affectées par des menaces industrielles. De plus, seulement 1,6% de l’espace maritime français est réellement sous protection forte et la grande majorité de ces aires sont situés dans l’océan austral. L’objectif des 10% annoncé par le gouvernement semble donc difficile à atteindre et nécessite d’être plus appliqué dans les zones clés pour la biodiversité. [4]
Loi "Climat et résilience"
Actuellement à l’étude à l’Assemblée Nationale, un projet de loi portant sur la lutte contre le dérèglement climatique a été proposé par le gouvernement français. [5] Bien que ce projet de loi porte, comme son nom l’indique, principalement sur des questions liées à la climatologie et à la résilience de notre société face à ces changements, certains de ses articles concernent la biodiversité ou sa sauvegarde. En effet, la loi a pour objectif un ralentissement majeur du rythme d'artificialisation des sols sur les 10 prochaines années. De plus, dans son article 56, elle introduit et légifère la stratégie nationale pour les aires protégées (décrite dans l’article précédent) et inscrit ses principaux objectifs comme celui des 30% d’aires protégées qui y est fixé. L’un des drivers majeurs de l’érosion de la biodiversité étant la destruction et la fragmentation des habitats, ces mesures semblent aller dans le bon sens quant à la préservation de la biodiversité en France. De plus, la loi prévoit d’adapter les politiques agricoles françaises pour mieux respecter la stratégie nationale pour la biodiversité mise en place par le gouvernement. Cependant, une lettre ouverte très critique envers le projet de loi a été adressée au président de la république, et signée par 110 associations (dont la Ligue pour la Protection des Oiseaux) [6].
Sources
[1] https://www.oneplanetsummit.fr/actualites-17#node-anchor-159 [2] https://ofb.gouv.fr/la-strategie-nationale-pour-les-aires-protegees [3] https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/DP_Biotope_Ministere_strat-aires-protegees_210111_5_GSA.pdf
[4] https://www.actu-environnement.com/ae/news/objectif-10-pour-cent-aires-marines-protegees-protection-forte-2022-critiques-36939.php4 [5] https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b3875_projet-loi / https://www.vie-publique.fr/loi/278460-loi-climat-et-resilience-convention-citoyenne-climat
[6] https://reseauactionclimat.org/appel-a-plus-dambition-pour-la-loi-climat-et-resilience/
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