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Point actualité biodiversité - Mars/Avril

Dernière mise à jour : 14 juin 2021

Rédigé par Loan Pichon, Armelle Lajeunesse, Lise Bartholus et Mario Desallais

Le 04/05/2021

 

Extermination du loup gris en Idaho : Un exemple de politique hostile à la conservation d’un prédateur sauvage


« Ces loups, il y en a trop dans l'État de l’Idaho », a déclaré le sénateur Mark Harris avant le vote du mercredi 28 avril 2021. « Ils ruinent les éleveurs. Ils ruinent la faune. C'est une loi nécessaire. » [1]

Déjà persécuté sans répit en France, la chasse au loup gris résonne désormais au-delà de l’océan atlantique jusque dans l'État de l’Idaho. Destitué de sa protection fédérale en mars 2011 dans le Montana et l’Idaho, un abattage volontaire et légal d’environ 500 loups par an permettait de stabiliser la population au minimum autorisé : 1500 individus [1][2]. Pourtant cette fois c’est la bonne, le sénat républicain de l’État de l’Idaho a approuvé cette semaine une législation qui permettrait aux chasseurs et prestataires privés d’exterminer jusqu’à 90% de la population de loups sauvages de l’État. Tous les moyens d’abattage sont autorisés : hélicoptères, véhicules, motoneiges, projeteurs, collets… de manière illimitée, quelle que soit la saison et l’âge de l’individu. L'obsession générale face à ce grand carnivore ne fait qu’empirer ces dernières années menant à des décisions aberrantes. Depuis sa réintroduction en 1995/96 dans le Greater Yellowstone Ecosystem, cette espèce clé, ayant frôlée l’extinction, profite à tout l’écosystème. L’arrivée d’un super prédateur permet de rétablir une cascade trophique en rétablissant des espèces végétales ligneuses devenant des zones de fourrages prisées par les herbivores tels que les bisons ou les castors [3]. Le loup gris (Canis lupus) a aussi stabilisé l’écosystème de forêts riveraines face à la surpopulation d’élans ou de cerfs, menaçant les cultures et les espèces végétales ligneuses, en créant des troupeaux moins nombreux et en meilleure santé [1],[3]. Sa réintroduction présente une action de gestion passive nécessaire afin d’assurer la restauration des espèces riveraines et la préservation de la biodiversité [4]. Pourtant depuis 2008, un modèle de coexistence collaborative, le Wood River Wolf Project (WRWP), entre les loups gris et les moutons domestiques s’efforce de réguler la population par des méthodes non létales devenant un exemple à suivre à l’international [5]. Même si ce modèle reste impopulaire, une lueur d’espoir subsiste : en plus des violentes controverses face à ces méthodes létales tout aussi dangereuses pour la faune et la population locale, le projet de loi n’est pas encore signé. Nous verrons dans quelques mois si le gouverneur républicain Brad Little, autorise ou non ce massacre [1]. Ces conflits autour du loup gris font écho au même châtiment subi par son cousin le dhole en Asie, le renard en Europe ou encore au déterrage des blaireaux … A quand une cohabitation durable et sensée entre super prédateurs et Homme ?


 


La chasse à la glu jugée illégale par la justice européenne


Le 17 mars dernier, par un arrêt, la Cour de Justice de l’Union Européenne a interdit définitivement l’utilisation de la chasse à la glu dans tous les Etats membres, au motif qu’elle peut “causer aux espèces capturées non-ciblées des dommages autres que négligeables”. [6] L’autorisation dérogatoire en France a ainsi été jugée illégale puisque incompatible avec la directive oiseaux. Cette décision a été rendue suite à la demande du conseil d’Etat, saisi fin 2019 par les associations One Voice et la Ligue de protection des oiseaux (LPO).

Depuis dix ans, des ONG comme la LPO dénoncent la barbarie du piégeage à la glu et son impact sur la biodiversité, dont la pratique persistait encore dans cinq départements du Sud-Est de la France. Cette technique consiste à enduire de glu des branches d’arbres, afin de capturer des espèces de grives et de merles, qui sont ensuite utilisées comme appelants pour la chasse d’autres oiseaux. Les chasseurs la défendent pour son caractère traditionnel et sélectif des espèces. Mais la LPO, notamment à travers la diffusion de vidéos en 2019, atteste du contraire et met en lumière la violence de cette pratique. Des individus d’espèces d’oiseaux non-ciblées, comme certains passereaux ou rapaces, et souvent menacées, se retrouvent englués. Même si les chasseurs affirment les relâcher, les dommages causés par le piégeage sont nombreux et affectent la survie des individus à court terme. [7] Ainsi, cette pratique constitue une réelle menace pour le maintien d’espèces en danger.


La vidéo de la LPO exposant les effets de la chasse à la glu sur les oiseaux, notamment les espèces non-ciblées, est disponible ici :

 


EDF renouvelable condamné pour la destruction de faucons crécerellettes


Le 2 mars 2021, la Cour d’appel de Versailles est revenue sur la décision du tribunal de grande instance de Nanterre en condamnant une filiale d’EDF renouvelable pour sa responsabilité dans la mort de faucons crécerellettes et ce, sans dérogation à la destruction d’une espèce protégée [8]. En effet, le parc éolien du causse d’Aumelas et ses 31 éoliennes installées progressivement depuis 2006 ont causé la mort de nombreux faucons crécerellettes avec 49 individus retrouvés depuis 2012 [9],[10]; nombre étant estimé au tiers de sa valeur réelle.

Cette mortalité d’origine anthropique est d’autant plus grave que le faucon crécerellette (Falco naumanni) est une espèce menacée. En effet, ce petit rapace colonial et migrateur dont l’aire de répartition s’étend de la zone méditerranéenne jusqu’au Moyen-Orient s’est vu frôler l’extinction sur le territoire français au début des années 1980 avec un dernier couple subsistant dans la plaine de Crau. Depuis, divers plans nationaux de conservation ont permis de relancer la croissance de la population de la Crau et de créer de nouveaux noyaux de population, d’abord dans l’Hérault au début des années 2000, puis dans l’Aude [9],[10]. Malgré cela, l’espèce est toujours classée vulnérable sur la liste rouge et fait l’objet de suivis annuels. Le faucon crécerellette est connu comme étant l’une des espèces les plus vulnérables aux risques de collisions avec les éoliennes, ceci étant principalement dû à son mode de chasse en vol stationnaire ou vol en «Saint-Esprit» [10]. Depuis la création de ce parc éolien, la pression de mortalité a réduit significativement la croissance de la population de l’Hérault [10]. De nombreuses associations dont la LPO luttent depuis plusieurs années pour démanteler ce parc ravageur pour diverses espèces d’oiseaux et c’est ainsi que France Nature Environnement (FNE) a déposé un recours contre EDF renouvelable. Le tribunal a condamné la filiale à verser une amende de 3500 euros pour le préjudice. Malgré tout, les éoliennes sont toujours en fonctionnement aujourd’hui, le FNE et la LPO réclament donc une application des lois transgressées par la filiale et des mesures plus concrètes au regard de la conservation, avec le démantèlement du parc éolien [8].


Photographie du parc éolien du Causse d'Aumelas, plus grand parc de l'Hérault :

 



Ours à problèmes “ ?

A la fin du mois d'avril, de nombreux éleveurs des Hautes-Pyrénées se sont rassemblés pour protester contre les dernières attaques d’ours brun dans la région [11]. Cette gronde des locaux contre des populations de prédateurs, récurrentes dans les projets de réintroductions, s’inscrit cette fois dans l’actualité juridique. En effet, le Conseil d’Etat a interdit le 4 Février les mesures d'effarouchement renforcées à l’aide de tirs non létaux, introduites en 2019, et jugées insuffisamment encadrées [12]. Cette mesure a été remplacée par un protocole appelé “Ours à problème”, permettant une procédure d'effarouchement plus stricte. Vous pouvez retrouver les détails de ce protocole ici dans ce document de la DREAL Occitanie :


Ce protocole est jugé insuffisant par les éleveurs en colère. Mais cette gronde doit-elle être écoutée aveuglément, au risque de reproduire les erreurs de l’Idaho dans nos Pyrénées ? Bien que le contexte social des locaux ne puisse être écarté pour mettre en place une gouvernance adaptée, nous pensons qu’il est important de bien comprendre les intérêts écologiques de la présence de l’Ours Brun dans nos montagnes. Un article de Santiago Palazon publié en 2017 traite justement de l’importance de la réintroduction des grands carnivores dans les écosystèmes, en prenant l’exemple de l’ours brun des Pyrénées [13]. Il y fait mention du rôle clef de voûte des grands prédateurs comme l’ours brun, pouvant empêcher la prolifération des proies, des prédateurs plus légers et de certaines espèces invasives. Mais outre cet impact positif au sein de l’écosystème, l’ours représente par ailleurs un intérêt culturel et financier pour la région, compte tenu de l'intérêt touristique qu’il peut représenter (à condition de proposer un écotourisme respectueux des populations sauvages). De plus, en analysant les occurrences d’attaque de l’ours brun dans les Pyrénées catalanes, l’article fait remarquer que le nombre d’attaques ramené au nombre d’ours présents dans la région a diminué au cours des années. Nous pensons qu’il est important de maintenir ces espèces que l’Homme avait fait disparaître de ces milieux, au regard des services écosystémiques qu’elles apportent, par la mise en place de mesures préventives et anticipatoires fortes. En France, la population d’Ours Brun est d’ailleurs annuellement suivie par l’OFB et vous pouvez retrouver leur rapport très complet sur l’année 2020 sorti il y a un peu plus d’un mois :



 


Sources


[3] https://lejournal.cnrs.fr/articles/des-loups-des-cerfs-et-nous?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Facebook#footnote4_hfrsq0t

[4] Ripple, W. J., & Beschta, R. L. (2003). Wolf reintroduction, predation risk, and

[8] https://reporterre.net/Les-faucons-menaces-gagnent-contre-les-eoliennes-d-EDF

[9] Pilard, P., Bourgeois, M., Saulnier, N., Boudarel, P., 2021. Plan national d’actions 2021-2030. http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/projet_de_pna_faucon_crecerellette.pdf

[10] Duriez, O., Pilard, P., Saulnier, N., Bouzin, M., Boudarel, P., Besnard, A., 2018. Impact des mortalités additionnelles induites par les collisions avec les éoliennes pour la viabilité des populations de Faucons crécerellette, in: Séminaire Eolien et Biodiversité. Artigues-près-Bordeaux, pp. 49–65.

[13] Palazón, S. (2017). The Importance of Reintroducing Large Carnivores: The Brown Bear in the Pyrenees. In Advances in Global Change Research (pp. 231–249).https://doi.org/10.1007/978-3-319-55982-7_10




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